Tableaux agités

Triptyque: Fragmentations

  Fragmentations 120 cm x 75 cm x 3,5 cm x 3/  2025 Techniques mixtes – Tableau marouflé sur carton – Signé et daté au dos
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Fragmentations- 120 cm x 75 x 3,5 cm – Techniques mixte-. 2025 signé et daté au dos.

L’intérêt du triptyque c’est qu’il annonce déjà une fragmentation par les trois césures des panneaux, sous la forme de fréquences temporelles. Une ondulation blanche circule sur un fond constitué de couleurs froides. La surface de l’œuvre en relief retient l’œil par les éléments colorés qui explosent et se dispersent. Ces morceaux s’éparpillent sur les plaques tectoniques de papiers colorés, de textures maillées et de carton ondulé. Une large coulure blanche, festonnée de transparences, est un courant d’air, une onde de respiration, qui pénètre par la gauche et déferle d’un tableau à l’autre.

Traduire la complexité des phénomènes actuels

L’œuvre exprime une décomposition par des brisures, des érosions et des déchirures. Une approche qu’avaient déjà expérimenté les cubistes (Braque, Picasso …) et les affichistes comme l’artiste contemporain américain Mark Bradford, proche de mes expériences picturales.

Elle évoque également le mouvement par la dispersion d’éléments. Dans mes tableaux précédents, ce phénomène était présent sous la forme d’une queue d’astéroïde. Cette fois-ci les éléments ont leurs propres expressions et trajectoires selon les panneaux.

Du calme au mouvement fou

Le papier et le carton ondulé sont humbles et réceptifs, fragiles aussi. Paradoxalement ils représentent de la « beauté du peu » tout en lançant un appel fort, celui d’une perdition en court.

Les plaques de couleur monochromes, apposées par strates de bleus profonds, donnent de la profondeur par la sensation d’immersions, d’émergences et de transparences. Ces « plateaux » sont les structures porteuses de l’ensemble de la composition. Par elles apportent de la tempérance et du calme en contrastant avec les désordres des matières chaudes des cartons plissés qui s’envolent en surface .

Des pièces de papier avec des maillages en relief, substances exogènes car prélevées d’autres tableaux, sont intégrées à la composition par collages. Ce sont de nouvelles identités constituées de la même chaire, c’est-à-dire en cellulose et en encres. Les bordures déchirées évoquent la rugosité des récifs battus par la mer et les embruns.

 

Miroir de la peur ?

Assemblage par superpositions, juxtapositions, l’œuvre d’art n’est plus « un tout homogène » mais une proposition chaotique comme notre époque. Est-elle l’expression d’une déliquescence ? Sans doute, la vérité, le beau, le respect et la paix ne sont plus des valeurs sûres. Le monde est craquelé, fracturé de mille façons autant sur le plan climatique, géologique, biologique, sociologique, politique, géopolitique… L’œuvre reflète et explore cette réalité en tout la questionnant. Elle est le miroir d’une déconstruction, de conflits, de douleurs. C’est pourquoi elle se veut morcelée, instable, contradictoire, en tension.

Les volumes ne sont pas visibles au premier regard. Le paysage en relief est apparemment inachevé. Il invite le spectateur à s’impliquer en testant presque physiquement ce qu’il voit. Celui-ci s’avance, s’interroge, découvre et fouille du regard les profondeurs et les désordres, puis recule, scrute et juge. Il devient actif face à ce rendu multiple, hors norme, incohérent, parfois déstabilisant où la notion même de beau n’est plus l’objet de l’œuvre.