-Tout a commencé avec la trouvaille de belles écorces que des bucherons avaient abandonné au bord d’un chemin. Je les ai prélevées et grâce à une technique que j’ai mise au point: j’ai soigneusement pris les empreintes de cette peau nervurée, avec des feuilles de papier mouillé. Une fois sec, j’ai détaché les trois bandes de papier du bois, puis je les ai collé au centre du support du tableau rond.  Ainsi disposées, la composition de base représentait de successions de vagues horizontales en relief. Des petits morceaux d’écorces restaient insérés dans les fibres de cellulose. Ils pigmentaient agréablement sur la surface blanche. Les creux devenaient grâce au moulage en négatif, des montagnes, saillantes comme des dents. Comment faire intervenir la couleur tellement l’onde des reliefs était déjà expressive ?

Il fallait garder cette mouvance horizontale comme une chaine montagneuse et faire interagir les couleurs avec subtilité. Le flux orange subjacent, s’exprime par une explosion volante d’encre et de poudre pigmentaire . Il balaye la surface et se courbe pour épouser la rotondité du tableau. Des maillages disloqués, mis en lambeaux, flottent à la surface tandis que d’autres trames, aux notes plus ténues, plongent sous la blancheur du papier.

La nature ici palpite: elle déchire les filets lancés, use et s’érode. N’étant pas une représentation ou une copie conforme d’une réalité  de notre environnement, elle est pourtant la cartographie d’un espace intime dans lequel l’œil arpente à sa guise…

 “La nature offre à la fois ce qui nourrit le corps et le guérit, émerveille l’âme, le cœur et l’esprit” P. Rabhi