Les dominantes de rouge sang diluées aux bleus profonds, donnent au tableau une facture charnelle. La matière s’exprime: les mailles griffent en profondeur le support. Les reliefs sont érodés, des scarifications labourent le paysage chromatique. Un axe diagonal tranche par sa blancheur, un passage à travers ce monde chahuté. Cette bande de papier à nu, est une tentative de recherche d’ordre. En vain! La présence du temps qui passe érode les couleurs et les textures rasantes, oxydant même sur son sillage, le vide non peint.
L’art n’est-il pas la volonté d’organiser le chaos? L’art l’ordonne dans sa composition sous-jacente, grâce à la géométrie reconnue par l’œil humain. Les lignes sont des éléments stables qui régularisent l’indomptable chahut du graphisme ondulatoire, mouvant et invasif des flux colorés et des vides non peints. La composition rigoureuse semble être supplantée par un désordre apparent .

VIDÉO Friction

« Il touche, il palpe, il suppute, il mesure l’espace, il modèle la fluidité de l’air pour y préfigurer la forme, il caresse l’écorce de toute chose et c’est au langage du toucher qu’il compose le langage de la vue » Henri Focillon, « la vie des formes » Presses Univers. De France, Paris, 1984 (1943) p.112