Installations chahutées

          L’envol

 

Longueur 7 m X Hauteur 2,50 X largeur 1,20 m/  (70 bambous gainés de voile papier, 100 plumes).

Envol vers quelle contrée ?

François Cheng « le sentiment, toujours, se déploie comme un paysage et le paysage, mû par une poussée vitale, est doué véritablement de sentiment ».

La sculpture comme souffle du mouvement. Impossible de ne pas songer à la décomposition du mouvement que l’on retrouve dans le « Nu descendant l’escalier » de Marcel Duchamp par les hachures des tiges sur le fond du paysage évoquent le dynamisme d’une ascendance. Un décollage où les tiges blanches, qui griffonnent l’espace, contrastent avec les verts profonds des montagnes et de l’eau dont les plumes agitées chatouillent les nuages. L’envol semble être l’apparition d’une présence visible, l’expérience de l’impesanteur par un squelette éthéré et éphémère qui insuffle son dynamisme tout droit vers nos natures intérieure, nos émotions.  

– Cette structure, peut-elle tenir debout ?

« Si vous prenez une fleur dans votre main et l’observez réellement, elle devient votre monde. » Georgia O’Keeffe

C’est en cela que la Nature est source d’inspiration. J’admire dans l’arbre son impressionnant houppier, refuge des nids et perchoir des oiseaux, dressé sur un tronc vigoureux et ancré à un faisceau de racines, il s’érige vers le zénith ! Mais mon attention s’arrête sur l’humble plante citée dans la fable  « Le chêne et le roseau » de La FontaineCe refrain de vers me hantait à nouveau, dans le « chant/champ » de ma création. Le bambou est solide et creux comme le rachis et le calamus de la plume tout comme le frêle roseau, tube renfermant de l’air. Ce vide incarne la sève d’une force incroyable, similaire à la souplesse d’un esprit vertueux, curieux, inventif, ouvert et visionnaire face aux rigueurs inflexibles de certaines pensées.  Les bambous sont gainés de toile-papier délicat. Ce matériau mat accuse l’impression de fragilité par le jeu de déséquilibre du foisonnement de lignes. Ainsi représenté à travers une installation, l’élément tige du bambou, de hauteur humaine comme module de base, est démultiplié en 70 pièces. Elle se démonte entièrement, pièce par pièce. Lors de son installation, les bases des tiges sont plantées de 10 cm dans la terre, quant aux articulations, elles sont fixées à des nœuds élastiques, comme un système de suspensions. Les ramifications des tiges de plumes sont flexibles pour s’agiter dans le vent. Dans son entier, l’installation se veut ajourée et transparente. Poreuse à l’air qui la traverse, elle est en harmonie avec la nature qui l’entoure. Comme le Land art, « L’envol » établit une symbiose avec le paysage, selon le qing-jing japonais de « sentiment-paysage » entre l’Homme et son environnement car par le biais de la projection visuelle, elle s’éprouve corporellement en ne faisant qu’un. Une envolée lyrique au sens pur, une transcendance qui sème des plumes d’ange, sans être marquée par les stigmates stressants de notre époque.

– Comment une réalisation, toute en légèreté, peut-t-elle signifier quelque chose de grave ?

« Le but de l’art est de représenter non pas l’apparence extérieure des choses, mais leur signification intérieure. » – Aristote Impression artistique.

La création est une part de l’imaginaire, de rêve, posée à même le paysage. Certes, l’artiste est artisans d’un monde parallèle. Et pourtant ! Pour cela « L’envol » retourne la réalité comme la manche d’un vêtement. L’installation est une invitation à l’éveil : celui « d’ouvrir l’œil » selon Léonard de Vinci, c’est-à-dire de regarder au-delà et en-deçà des apparences. La blancheur des plumes qui frétillent au vent ne rappelle-t-elle pas l’envolée de colombes de la paix ? Ou les mains levées et agitées d’une foule ?  Ou encore des chiffons blancs qui réclament la reddition ? Elle est l’expression d’un appel comme élan vital, collectif, l’union faisant la force face à ce monde, sombre, sanglant, insensé et agité par les guerres. Cette poussée aérienne, pleine d’espoir et de poésie, est un appel à l’unisson, une façon de dire que la force est beauté, qu’elle n’est pas dans la lourdeur du métal, du plomb, et du feu, qu’elle représente un ensemble d’individus apparemment fragiles mais qui ensemble peuvent faire corps avec souplesse et détermination. 

les Ateliers d’Artistes Associés

« Merci Laurence . Excellent lieu Nature pour votre Œuvre d ‘Excellence qui laisse toute la place à l ‘Arrière Plan pour un dialogue entre Artistes ( Nature et Culture )Belle complicité est à savourer avec douceur entre les Plumes mouvantes et le ciel moutonneux . Quelle Grâce « ArtLand » présente votre ENVOL Laurence . Félicitations respectueuses Madame. « 

Très belle installation qui entre en résonance avec le lac et ce très bel environnement !… et elle n a pas.besoin d être sous un parasol car elle s’offre a la nature et interagit discrètement avec elle sans artifices ! »
 
               

Recherches sur le mouvement .