VENTS DEBOUT Rouge fugue Tondo 106 cm de diamètre Encres colorées sur papier moulé et gaufré, Tableau marouflé sur carton alvéolé Signé au dos et daté au 22 /12/2022

 

Rouge fugue – 106 cm de diamètre – Collection personnelle.

Survoler notre planète Terre depuis l’espace
Les technologies de notre époque nous offrent cette chance merveilleuse de pouvoir contempler la terre depuis l’espace. Voici ce que j’ai peint “Rouge fugue” dans la chair du papier et avec les encres, en m’inspirant des différentes composantes de notre planète.  En premier lieu, l’aspect mouvant et déchiqueté des nuages. Leur blancheur est émouvante et offre des textures différentes. Sur les mers, les océans et les terres, la couverture peut être duveteuse et molletonnée, tandis qu’ailleurs, les blancs des cyclones comme “montés en neige”, lardés d’éclairs,  gonflent et se déplacent rapidement. Les rivages des continents s’étirent, lisses ou déchiquetés. Les concrétions et l’érosion des territoires immobiles, les masses liquides des bleus nuancés, sont sans cesse voilés, redessinés ou dévoilés. Les nuées les métamorphosent sans cesse. Terres, sables, roches, eaux et air, se mélangent de façon échevelée. Je ne me suis pas attachée à représenter les cités, qui sont telles des tâches tentaculaires, scintillantes la nuit. Elles sont des noyaux desquelles rayonnent les vastes toiles d’araignées des voies de circulation. En revanche le spectacle de la nature, montre que les éléments s’opposent tout en se fusionnant: fluidité et dureté, transparence et opacité… Planète d’enfer et de paradis… J’aime provoquer les sérendipités que la nature nous réserve. Au centre du tableau un jaillissement rouge* tourbillonne et s’élève. Il semble contrarier les mouvements telluriques et marins. Ici et là, des maillages bleus, tels les corps célestes ou des ailes de satellites, flottent éperdus.

L’émergence du rouge: Prononcer le mot “fugue” c’est comme siffler rapidement vers les aigus,  frôlement furtif de l’aile d’une hirondelle. La fugue incarne l’insaisissable, constitutif des éléments fluidiques. Il exprime également la fuite rapide, avide de liberté, sans ancrage. J’adresse ici un clin d’œil à “Fugue en rouge ” d’un Paul Klee. L ‘effet sonore de ce souffle rouge, n’est pas sans évoquer L’Art de la fugue qui représente l’apogée d’une d’écriture musicale, le sommet du style contrapuntique (contrepoint), est l’une des plus grandes prouesses de la musique, écrite et joué par Jean Sébastien Bach. Je recherche dans mes tableaux ce balancement qui fait émerger une harmonie (masses colorées en opposition aux vides, jeux de valeurs etc…).  Et si le rouge était “fugue”? On se met à rêver de ce plaisir poétique, comme la découverte d’une nouvelle couleur. Baptiser d’un nom une teinte, ne préciserait-il pas l’intensité de son choix parmi une immense gamme comme le bleu Klein, de Prusse, de France ?… Le rouge exprime une célérité, la propagation intense d’une onde à la surface du support, les oranges le suivent derrière. Dans le cercle, l’air agité entre et sort par tous les côtés, sans limite. Les encres circulent sans être retenues par les reliefs comme le vent qui court, ventre à terre, faisant ployer la cime des arbres, des champs… Par mimétisme, les encres s’élancent et s’enroulent en tourbillons. Le “châssis” circulaire est en carton alvéolé. Il est un oculus ouvert sur la voûte céleste, qui pivote sur un axe et  se retourne tel un miroir grossissant à double faces : il capture l’espace visuel d’une météorologie intime. Les supports sont des lentilles qui révèlent l’inconnu, ou des filtres de papier tendus qui enregistrent sur les surfaces sensibles, les vibrations des passages. Ainsi l’œil survole avec aisance la surface de cette drôle de planète plate.

VIDEO Rouge fugue

La terre

“Je ne suis rien , je le sais, mais je compose mon rien avec un petit morceau de tout ” Victor Hugo (le Rhin)